C : Le site présente quelques artistes qui font partie des influences ayant dessiné ta sensibilité musicale. Y a-t-il aujourd'hui des artistes ou des scènes musicales qui t'interpellent plus particulièrement, des collaborations qui pourraient t'intéresser ? L : CAMARON DE LA ISLA. Son existence est un
miracle. C : Tu as un rapport très proche avec la famille, et notamment des implications artistiques fréquentes vis à vis de leur parcours. La peinture fait également partie de ta palette artistique... même si la musique reste aujourd'hui la facette la plus médiatique. Toutes ces formes d'écriture sont-elles complémentaires ou préfères-tu les dissocier ? L : Ils sont complémentaires je crois, mais pas automatiquement. Le travail dans le cirque m'a beaucoup appris par rapport à cela ; c'était beaucoup plus dificile que je m'imaginais d'intégrer mon chant dans un spectacle de cirque. J'ai failli travailler une fois avec un chorégraphe sur un spectacle qui devait mélanger un concert et de la danse, mais le projet n'a pas abouti parce que les contraintes de la forme de la chanson était trop etroits pour le style du chorégraphe. Ce n'est vraiment pas évident de bien combiner les arts. Une personne qui le fait très bien est le cinéaste Almodovar, qui a souvent une scène de chant ou de danse dans ses films. J'aime beaucoup Almodovar. Dans ma famille il y a une certaine pression de créer, une certaine croyance qu'une vie sans créativité est gaspillée. Dans certaines familles il y a une pression de faire de l'argent, être respecté, avoir du succès. Dans ma famille c'est la pression de créer. Nous sommes un peu soucieux, tout le temps, de produire des preuves de notre valeur humaine. J'ai une blague avec une de mes soeurs : Tu as fait quoi, aujourd'hui ? Oh, je me suis reveillée, j'ai fait quelques kilomètres de "jogging", j'ai fait mes excercices de respiration, j'ai travaillé sur mon roman, écrit une chanson, fait quelques dessins, travaillé mes leçons de russe, mangé un petit déjeuner de fruits et eau distillée…mais maintenant il faut vraiment que je me mette au travail ! Cela ne veut pas dire qu'on fait tous ces choses, mais on se sent vraiment comme si on DEVRAIT les faire ! C : Quels sont tes souhaits pour l'année à venir, ce que tu en espères, et les grandes lignes que tu souhaites y dessiner ? L : Je souhaite que l'album que nous faisons sera le plus beau qu'il puisse possiblement être. Je souhaite que les États Unis ne réussiront pas a faire la guerre en Irak et que les gens de ce monde se réveilleront et prendront soin de la planète pour que la vie puisse continuer ici. Je souhaite que tout aille de mieux en mieux et pas de pire en pire. C : " La Llorona " est un album très intime, dont l'inspiration vient en grande partie d'un vécu qui a été le tien. Comment passe-t-on de cette écriture très aboutie, qui repose sur une large partie de ton existence, à celle d'un nouvel album ? L : Je suis heureuse que mon écriture te paraisse aboutie, mais il ne l'est pas ! Pour moi ce premier album est comme une chapitre dans un livre avec des pages infinies, qu'on peut lire en commençant par le début ou par la fin, ou par le milieu. Le "vécu" est un grand mystère, même le passé peut encore changer, selon nos interpretations des évènements. C : Une tournée est-elle envisagée pour ce prochain album? L : Oui. Ça fait tellement longtemps que j'attends pour sortir ces chansons, maintenant je veux les chanter !
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