© Filippa Lidholm
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Interview
#2 (1998)
La chanteuse à
la voix profonde semble avoir séduit le monde avec
son premier album chanté en espagnol, La Llorona,
intitulé en référence à la créature
mythique Aztèque dont les chansons étaient
autant de sortilèges à l’égard des
hommes.
Cette interview date de 1998, lorsque Lhasa revient tout
juste de France et traverse l’océan plus de trois
fois pour des visites promotionnelles avant Noël.
Le disque allait finalement enfin être mis sur le
marché aux Etats-Unis après un accord conclu
avec Atlantic* Records au mois d’Août 1998.
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« Un journaliste aux Etats-Unis a parlé
de ce contrat avec Atlantic*, de l’importance de cette signature,
etc…», raconte la chanteuse sur la ligne d’Ottawa. «
Et je me disais « c’est vrai ». Mais signer avec
Audiogram m’avais paru aussi important, car c’était
alors arriver de nulle part pour entrer dans les monde des maisons
d’édition . Cela voulait dire dépasser le stade d’une
simple personne qui joue dans des bars. Ce pas est surement les
plus important qu’il m’ait jamais été donné
de franchir.»
Certainement, mais Lhasa, qui a co-écrit
toutes les chansons de la Llorona avec le guitariste arrangeur
de Montréal Yves Desrosier semble passablement agacée
par les sphères du show-business.
Jusqu’à maintenant, tout les qualificatifs
ont été avancés, d’une « Edith Piaf
latine » à la première « pop star intime
» canadienne.
« L’important pour moi lorsque je vais
voir un spectacle c’est de voir une personne entière, qui
amène réellement un monde avec elle », dit
la chanteuse. « C’est un des points que je travaille tout
particulièrement dans mes projets, non pas pour projeter
l’aura d’une star, mais pour susciter et maintenir une certaine
attention. »
Ce qui rend le succès de Lhasa encore plus
étonnant est que la mélancolique Llorona, incroyable
composition hybride de musiques mexicaines, latino américaines,
et européennes, défiant également tout type
de catégorisation, a été enregistré
avec un budget modeste de 30.000$ et demeure entièrement
chanté en espagnol, au regard d'une nécessaire intensité
émotionnelle
« Afin de pouvoir m’exprimer de la façon dont
je n’ai jamais pu me permettre de le faire – ceci ne pouvait
être fait qu’en langue espagnole » dit Lhasa,
qui parle également couramment l’anglais et le français.
« Et je sentais que si je ne pouvais l’exprimer, quelque
chose tournerait forcément très mal… Désormais,
je sens que j’ai envie de chanter également dans d’autres
langues.»
Ce qui surprend Lhasa, qui espère pouvoir concrétiser
le successeur de La Llorona l’été prochain,
est sa popularité croissante. |
©
Filippa Lidholm |
« C’est très amusant ; les gens
d’Atlantic m’ont affirmé « Ecoutez, vous savez,
sans vouloir être pressants … si jamais vous pouviez de faire
une chanson en anglais… » -- ... et les gens en France disent
la même chose ».
La musique de Lhasa reflète également
sa nature bohème et inhabituelle.
Née à Big Indian, un village des
montagnes de Catskill, de père mexicain et de mère
américaine, Lhasa – à l’âge de deux mois
– et ses trois sœurs ont vécu dans un bus transformé
en caravane par leurs parents entre les USA et Mexico. C’est au
moment où ses sœurs viennent à étudier à
Monréal, à l'école nationale de cirque,
qu’elle devient résidente canadienne au cours d’une visite
en 1991.
« Il y avait ceci d'excitant que c'était
une centaine de fois plus merveilleux et une centaine de fois plus
terrifiant » dit Lhasa lorsqu’elle parle de son enfance.
« Ce sont des choses dont je ne parle pas vraiment. Et c’est
en partie parce que je l’envisage comme une histoire, que j’ai toujours
eu envie de raconter, même si elle n’était pas d’une
grande importance. Mais d’un autre coté, j’ai également
un grand sens de la vie privée, et ce n’est pas seulement
mon histoire mais celle de l’ensemble de ma famille – sans aller
à l’école ; une famille très soudée
assez loin des modèles traditionnels. J’ai grandi dans un
contexte extraordinaire. » |