S'il est quelque chose que j'aime avant tout chez l'artiste, c'est cette capacité à surprendre, à déstabiliser, et échapper à toute définition. Six ans après La Llorona, je refais ce même geste : insérer un CD dans mon lecteur, le souvenir encore frais d'un choc musical...

Une sonorité lointaine m'y accueille et très rapidement ; le vif du sujet s'installe. la dynamique du son enveloppe tout, et il est difficile de résister au courant sonore qui m'emporte. Au sortir l'immersion, la première escale m'installe en face du chant français, l'oreille navigant enttre tintements lumineux et nappes mélodiques envoûtantes. Quand la troisième marche délivre la tiédeur d'un crépuscule tribal hypnotique je suis à l'évidence déjà très loin de mon entrée en lecture, tant d'images, d'émotions et d'ambiances ont été traversées. Il semble qu'un décor bien palpable se soit progressivement construit autour de moi, mettant discrêtement de coté tout ce qui agîtait mon esprit si peu de temps auparavant…

D'un travail de studio exemplaire au talent des musiciens et arrangeurs, la palette des percussions délivre ici une richesse de couleurs réjouissante et chaque instrument pose une âme qui habite chaque titre.

La voix de Lhasa vit et évolue dans chaque registre musical avec agilité et intensité, donnant naissance à un véritable deuxième album qui m'a autant déstabilisé qu'immédiatement envoûté. Il est de ceux à qui l'on ne trouve pas une place précise, mais qu'on range dans sa discographie juste à coté de ceux qui traversent le temps, près du coeur.


Une immensité à croiser sur scène au plut tôt, sans l'ombre d'un doute...

C.E.